L'immeuble que les Castelnaudais appellent communément "l'ancien collège" abrite le siège social de la Communauté de Communes Médullienne.

Dans l'acte de vente de l'immeuble entre la commune de Castelnau-de-Médoc et la Communauté de Communes Médullienne, il est écrit que ce bâtiment est la propriété de la commune depuis des temps immémoriaux. Cette phrase, quelque peu sibylline, renferme pourtant une part de vérité. Pour le vérifier, il convient de nous reporter quelque 120 ans en arrière, à l'époque où fut décidée la construction du groupe scolaire.

Nous sommes en 1888, plus exactement le 7 septembre. Le Maire d'alors, Romain Videau: réunit son Conseil Municipal en session extraordinaire et déclare qu'il est grand temps que Castelnau-de-Médoc se dote d'un groupe scolaire digne de ce nom.

Bien sûr, il y a une école de garçons, mais elle a l'inconvénient d'être située à l'extrémité de la commune et surtout, elle est dans un état déplorable. L'école des filles, outre le fait qu'elle n'appartient pas à la commune, est dans un état similaire.

Cette situation n'avait pas échappé a l'inspection primaire de l'époque qui se faisait de plus en plus pressante, pour voir ériger une nouvelle école.

Ce sujet avait été abordé maintes fois, des projets avaient été élaborés, mais aucun jusqu'à ce jour n'avait été retenu par les élus. Ce soir-là, Romain Videau, présente un nouveau projet, et argumente son propos autour de trois grands axes : le choix de l'emplacement, la construction, le budget envisagé et le moyen de le solder.

L'emplacement : le presbytère semble être, pour le premier magistrat de la commune, le meilleur site pour implanter le groupe scolaire. C'est d'abord une propriété communale, avantage non négligeable s'il en est. De plus il est aussi central, suffisamment isolé, dans un quartier sain et tranquille. Reste que ce presbytère abrite le Conseil de Fabrique (assemblée de clercs et de laïcs nommés pour assurer la responsabilité de la collecte et l'administration des fonds et des revenus nécessaires à l'entretien des édifices religieux de la paroisse), qu'il faudra reloger.

 

La construction: il est envisagé, pour que le groupe scolaire soit complet, de construire:

• une école maternelle, qui devra comprendre une salle de classe, un préau et le logement de la directrice,

• une école de garçons, avec deux salles de classe séparées, une cour, un préau et un gymnase,

• une école de filles, avec les mêmes besoins.

Le budget : force est de constater qu'après une analyse minutieuse des subventions à percevoir (environ 36% du coût total des travaux), des économies de la commune, il faudra quand-même recourir à l'emprunt. Mais on évitera d'augmenter l'impôt.

Le 14 septembre 1888, le Conseil adopte le projet et décide la construction d'un groupe scolaire.

Le 10 novembre 1889, le Conseil, par 9 voix contre 1 et 2 abstentions, choisit M. Gervais comme architecte. Celui-ci estime le projet à 47 479,58 francs, et présente les plans que le Conseil approuve.

Le 6 juin 1890, le Maire donne lecture d'une lettre du Préfet rappelant que l'école des garçons et l'école des filles de la commune ont bien une existence légale, mais qu'il n'en est pas de même de la classe enfantine et il remet en cause l'existence de cette classe prévue au projet.

Le Maire rappelle que la population de Castelnau-de-Médoc s'élève actuellement à 1 700 personnes, que la commune n'a pas de classe enfantine, qu'il existe bien une école maternelle libre tenue par des religieuses, mais que cette école est amenée à disparaître au moment de la laïcisation de l'école des filles. Si l'école maternelle venait à disparaître, il y aurait au moins 50 enfants, appartenant pour la plupart à des familles d'agriculteurs, qui resteraient à la garde de leurs parents, ce qui les empêcherait de vaquer à leurs travaux. En conséquence, il n'y a pas lieu de modifier le projet initial.

Les travaux dureront presque une année et le groupe scolaire sera inauguré en présence de Monsieur Berniquet, Préfet de Gironde, le 17 juillet 1892.

En 1893, une grille est installée devant l'école, sur la rue Carnot. (cf. photo 1). Plusieurs générations de têtes blondes fréquenteront cette école qui dans les années 50 deviendra un établissement d'enseignement secondaire. Il le restera jusqu'en 1981, laissant la place au collège. Aprés avoir été un lieu animé fait de cris, de jeux et de travail, il s'endormira accueillant par-ci par-là des associations, diverses structures des collectivités locales.